Kung Poussette Fighting.

Hier midi, j'avais rendez-vous avec des copinettes sur Paris. Paris, ville de tous les dangers... pour une poussette. Vu la chaleur, pas possible d'opter pour l'écharpe de portage. J'ai regardé le tank, la poussette canne, le tank, ... la poussette canne. 

Le parc, seule sortie en poussette autorisée ?

C'est qu'il y a un tas de trucs à calculer avant de se lancer dans une telle aventure.

• Les obstacles divers et variés, d'un banaaaal.

Bon, je ne te parle pas des trottoirs plus bas trop bien que tu trouves de temps en temps au niveau des passages piétons, parce que bien souvent t'as un crétin arrêté pile devant, voire même un double crétin stationné pile dessus, et même pas tu peux l'emprunter ton trottoir tout bas. Pas grave, monter, descendre les trottoirs méga hauts, ça fait muscler tes biscottos.

Je ne te parle pas des terrasses des cafés et des restos qui, parce que c'est l'été, ont la bonne idée de s'étaler un peu plus. Trop bien pour les clients qui sont assurés de trouver une jolie place ensoleillée, et qui en plus de ça étalent les jambes. Pas grave, slalomer entre pieds de chaises et pieds de gens, ça fait travailler la dextérité.

Je ne te parle pas des travaux qui durent et duuuuuurent des mois et des mois, et qui consistent à défoncer un bout de trottoir, attendre, et faire un patchwork de ciment pour le reconstruire, et qu'en attendant il te faut emprunter un couloir improvisé avec des barrières si tu ne veux pas te faire écraser par une voiture. Sauf que le couloir est tout juste (et dans ce cas là, t'embêtes tous les gens qui viennent de l'autre sens) ou trop étroit, tu peux peut-être y entrer mais t'es pas sûre d'en sortir. Pas grave, slalomer entre les voitures, ça fait travailler ta coordination.

Je ne te parle pas de l’ascenseur promis (et tellement rêvé) pour lequel dans le meilleur des cas tu te tapes des kilomètres pour le trouver, ou qui reste inaccessible parce que tout en haut d'une vingtaine de marches à grimper, ou qui te dépose en bas d'une autre vingtaine de marches, ou qui te vend juste du rêve parce que finalement il ne fonctionne pas. Pas grave, calculer le trajet en fonction de la position des ascenseurs, ça fait travailler ton cervelet (trop fastoche de préparer un trajet vacances avec étapes, à côté).

Je ne te parle ni des bus ni des métros, qui ont des barres verticales vachement sympas (pour les microbes) pour les gens se tenir, et qui sont tellement bien placées que certaines poussettes ne peuvent pas entrer. L'autre jour, j'ai vu un couple de touristes avec une poussette double qui attendait désespérément un métro dans lequel il pourrait rentrer. Ils ont dû se résoudre à attraper chacun un bébé, tout en réussissant à replier et démonter la poussette. Je lis bien souvent que les transports ne sont pas prévus pour les poussettes, qu'ils les acceptent juste. Mais dans ce cas, pour les poussettes, c'est Rentre Avec Tes Pieds ? Pas grave, réussir à caler ta poussette entre 12 gens et une barre, ça fait travailler ton esprit et ta géométrie.

Je ne te parle pas des marches, parce que les marches quoi. C'est pour elles que je préfère la poussette canne : le bébé, la poussette canne, le sac à langer, mes affaires à moi, je peux porter seule dans n'importe quel escalier. La même équation, le tank à la place de la poussette canne (et même si le tank se révèle plus confortable pour Bébé) est juste irréalisable à Paris. Pas grave, monter et descendre les escaliers avec tout ça dans les bras, ça donne une jolie silhouette à tes mollets.

Tu galères, tu galères, et bien souvent des gens te regardent galérer.

• Certains gens surprenant de stupidité.

Je te parle des gens. Ceux là même dont le cerveau a un élan de stupidité quand une poussette entre dans leur champ de vision.

Quand t'es dans la rue, ou dans les couloirs du métro, certains gens se dépêchent de passer à côté de toi (parfois en cognant ta poussette) (parfois en manquant de cogner ce que tu as de plus précieux) pour se placer juste devant toi. Et t'as juste envie de les cogner. Je me contente de leur rouler dessus. J'ai tellement travaillé ma géométrie, que je sais qu'une roue de tank dans un talon, ben ça fait mal ; et j'ai tellement travaillé ma dextérité, que je ne le loupe jamais.

Quand tu te retrouves en bas, ou en haut d'un escalier, certains gens ont soudainement le besoin de regarder ailleurs. En 8 mois et demi, en plus de ça, j'aurais rencontré une quinzaine de gens sourds qui faisaient alors mine de ne pas comprendre ce que je leur expliquais gentiment par geste, et qui continuaient leur chemin. L'un d'eux avait oublié qu'il avait un casque audio sur les oreilles. J'ai tellement travaillé ma coordination, que je leur fais un doigt d'honneur (mental) (je reste une fille polie, grâce au cervelet que j'ai tellement travaillé).

Quand tu fais tout pour te faire le plus petit possible en entrant dans un métro ou un restaurant aux allées étroites, certains gens trouvent le moyen de souffler et resouffler à la simple vue de la poussette. Et ce n'est pas pour ça qu'ils bougeraient un peu pour te laisser te caler dans un coin. J'ai tellement travaillé mes biscottos et la silhouette de mes mollets qu'après avoir demandé poliment, je force un peu le passage : je préfère embêter 2-3 personnes que de bouchonner une sortie.

Une sortie dans une grande ville, ce n'est pas de tout repos. A côté de ça, je remercie les quelques gens qui se sont proposés pour un coup de main, sans même que j'ai eu le temps de leur demander quoique ce soit. Merci, merci et encore merci.

Et toi, avec ou sans la poussette dans une grande ville ?