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jeudi 16 août 2012

L'aile là, elle l'aaaa !

En 2010, j'ai vu au cinéma un animé intitulé "Yona la légende de l'oiseau sans aile". On pourrait reprocher un tas de trucs à Yona. On pourrait. Oui, yona qui feront plein plein de reproches…

    • Yonaura pas pour tout le monde : La sortie discrète d’un cobaye mangatisé et 3Difié. 

Yona la légende de l’oiseau sans aile est sorti le 3 Février 2010, dans quelques rares cinémas français pas nombreux du tout. J’ai appris l’existence de Yona complètement par hasard, grâce à quelques minutes qui lui ont été consacrées au milieu du journal de France 2 : « Yona… collaboration franco-japonaise… créateur de Metropolis… de Albator… tradition japonaise… 3D… ». Et les images de la bande annonce défilaient.


Cette bande annonce, elle m’a surtout scotchée avec toutes ses couleurs éblouissantes, le visage souriant de cette petite fille qui croit en un rêve, la promesse d’un voyage plein de rebondissements dans un monde merveilleux, sur une bande son prenante (et qui m’a littéralement prise) avec des bruitages magiquement cliquetants et une image esthétiquement magnifique. Rien que ça. Le mélange animation japonaise et 3D est étrangement, mais agréablement surprenant. Pleine d’envie de rêves et de désir d’en prendre plein les yeux, j'y suis allée. Au Pays des Merveilles. 1h25 de film.  

    • Yona qui diront que l’histoire de Yona au Pays des Merveilles est trop naïve.


Ce n’est pas plein de niaiserie, c’est juste plein de candeur. Yona dans la version française, Coco dans la version originale japonaise (allez comprendre), est une jolie petite fille pleine de malice, vivant dans une jolie maison avec une jolie maman, dans une jolie ville perchée sur une jolie montagne. Sa jolie maman lui fait amplement confiance puisque régulièrement Yona attrape son joli costume de pingouin fabriqué par son joli papa, et s’amuse à descendre seule tous les escaliers de sa jolie ville en chantonnant (chacun son trip) pour aller admirer la jolie fontaine de la jolie place.



Tout est joli. Jusqu’au jour où lui apparaît un gobelin, pas moche mais pas joli non plus, qui la prend pour la super héroïne volante de la légende de son pas moche mais pas joli non plus monde, censée sauver sa pas moche mais pas jolie non plus populace. Sauf que Yona, ben c’est un petit oiseau qui n’a pas d’aile, ah elle peut pas voler.

    • Yona qui diront que le mélange entre animation japonaise et 3D fait penser à du Pixar sans âme. 

Le mélange entre animation japonaise et 3D peut vite déboussoler. Moi, il m’a absorbée. Mais pour sûr, tout spectateur, subjugué ou non, sera happé par la qualité des dessins et l’aisance des traits de crayon.

Certainement pas à comparer avec un Disney ou un Pixar. Non. On est bien loin de Toy Story ou de Là-haut. Dans Yona, on retrouve avec joie les caractéristiques mangatiennes : que ce soient le coup de crayon, la taille des yeux de certains personnages, la morphologie globale de certains autres, les angles de prises de vue, la musique ou encore les thèmes, c’est ce qui ajoute toute la poésie de cet animé.

La jolie poésie des dessins.

La 3D, elle, ajoute plus d’ampleur aux personnages, une facilité à se plonger dans les décors, dans l’histoire. Enfin, je crois. Tout autant que je crois que Yona sans sa 3D m’aurait tout autant touchée.

    • Yona qui trouveront Yona trop gamine. 

Yona est le personnage principal. Le petit oiseau va sortir beaucoup puisque sa maman a toute confiance en elle (et fait amplement confiance à la jolie ville dans laquelle elle habite) : elle laisse sa Yona quitter la maison à pas d’heure.

Elle est finalement une petite fille comme les autres : sous ses couettes, elle n’a aucun pouvoir, et c’est ce qui fait qu’on s’attache tant à elle. Elle est une petite fille accrochée à un rêve et qui croque la vie à pleines dents, même si apparemment elle n’en a pas : sa grande force est son optimisme à toute épreuve, et c’est pourquoi on la trouve rapidement si craquante. Yona est un personnage très travaillé, très complet : on a l’impression de la connaître depuis un petit bout de temps, on en apprend régulièrement plus sur elle et on touche même ses sentiments de nos dix doigts. Elle dispose d’un véritable background narratif, complété au fur et à mesure par quelques flashback ingénieusement bien placés.  

    • Yona qui trouveront Chaley inutile.

Chaley, petit gobelin timide, va chercher Yona et l’emmener dans son monde à lui. Croyant dur comme fer à la légende de l’oiseau sans aile, il est persuadé que Yona délivrera son village de l’emprise du méchant Bouca-Bouh.

Chaley est un avatar : non pas comme les grands trucs tout bleus aperçus récemment dans leur forêt lointaine, mais un petit être capable de se transformer tantôt en marionnette tantôt en lui-même. Il est loin d’avoir un rôle de potiche et accompagnera Yona sans lui voler la vedette. Il sera le guide du voyage initiatique de la petite demoiselle.

    • Yona qui trouveront que les autres personnages manquent de profondeur. 

Des seconds rôles, il n’y en a pas des masses, et ils sont facilement identifiables. Chacun est plus ou moins travaillé, mais chacun a sa place dans l’aventure.

Des personnages et des costumes joliment travaillés.

Zammie est le bras droit du gros méchant Bouca-Bouh et ira bien plus souvent sur le champ de bataille que lui. Gros bébé tout joufflu, il semble descendre de peintures baroques, déguisé façon Qui veut la peau de Roger Rabbit ? (Robert Zemeckis). Sauf qu’il est méchant, c’est lui qui le dit.

Quatre diables accompagnent Zammie partout où il va. Ils me font terriblement penser aux marionnettes roses jouant avec leur tête dans Labyrinth (Jim Henson) pour leur façon de se tenir ("Chilly Down with the fun gang… Think small with the fun gang..." Hum, désolée), aux Gremlins (Joe Dante) qui auraient bu un coup après Minuit pour leur physique.

Mais siii, ils se ressemblent !

Les gentils et les méchants gobelins se ressemblent un peu beaucoup tous entre eux. Les grands esprits ne sont pas toujours ceux que l’on croit. Et puis, il y a Bouca-Bouh, gros méchant sosie de Saroumane du Seigneur des Anneaux. Lui pourrait faire peur aux plus petits, surtout quand il fait « Grrrr ! »

    • Yona qui diront que les relations entre les personnages sont trop simplistes. 

De prime abord simple vision manichéenne où les gentils affrontent les méchants, retraçant la lutte des ténèbres contre la lumière, Yona n’est pas aussi simpliste que ça

Les gentils gobelins ressemblent aux méchants gobelins : ils n’ont pas un visage si sympathique que ça les gentils. Le gros méchant est bien un grand méchant, mais entre deux, on retrouve le méchant gentil ou le gentil méchant. Et tout ça complique un peu les choses. Bon, par contre, il n’y a pas de double lecture comme dans les animations japonaises de Hayao Miyazaki (mais siiiiiiiiii, vous le connaissez : Nausicaä de la Vallée du vent, Mon voisin Totoro, Princesse Mononoké, Le voyage de Chihiro,…) : les enfants s’y plongeront facilement et les grands enfants devront s’équiper de leurs grands yeux d’enfants pour l’apprécier. Ou se contenter de savourer tout le travail technique effectué pour ce petit chef-d’œuvre.

    • Yona qui diront que les thèmes de l’enfance c’est du tout vu trop mignon. 

Non, ce n’est pas trop mignon, c’est juste très mignon. Rêve, espoir, optimisme, confiance en soi, confiance en l’autre, confiance de l’autre, amitié (qui donne des ailes), solitude, …, sont abordés sans aucune retenue. Rintaro aurait pu se brûler les ailes, mais ces thèmes ne sont pas abordés juste joliment, ils sont évoqués à travers des expériences parfois tristes, parfois dures. Et ça, c’est vraiment bien. C’est loin d’être le film Bisounours qu’il semble être.  

    • Yona qui trouveront que mélanger les cultures, c’est abusé quand même.

Oui, c’est carrément abusé et c’est un bonheur cet abus. Mélanger les références traditionnelles asiatiques (la nature, le yin et le yang, le dragon, les arts martiaux, les divinités), les mythes occidentaux (le paradis, les anges, les mythologies grecques), des petites pointes américaines (les racailles pas du tout déguisées), il fallait le faire. Non, ce n’est pas inconvenant. C’est du délire purement jouissif qui ressort d’un tout harmonieux. Si si. Harmonieux.

    • Yona qui diront que l’histoire déjà toute vue a pris un coup dans l’aile. 

Yona doit sauver un autre monde et sa population, « Le monde derrière le miroir », un peu beaucoup comme dans L’histoire sans fin, Arthur et les Minimoys, Le royaume des chats, Les minipouces,… On en a déjà mangé et remangé du « Tu es notre héros, viens nous sauver ! ». Mais ça ne perd pas de son charme : c’est du déjà tout vu qui donne envie d’encore en voir.

    • Yona qui diront que le rythme est trop rapide et épuisant. 

Tout va très vite dans Yona. Les présentations sont faites, sans même qu’on ne s’en rende compte. On est déjà plongé dans l’histoire alors que le film vient de commencer. Il n’y a pas de temps mort, il n’y a pas de moment long. Tout est très rythmé : ça pourrait faire mal aux yeux mais non. L’avantage d’un tel rythme est bien là : on ne s’ennuie pas, et en plus ça correspond tout à fait au caractère des enfants de cet âge : aussi bien pour représenter notre petite princesse sans aile que pour attirer les neurones et l’attention des spectateurs en culotte courte.

L’animation est loin de manquer d’effets narratifs : c’est plein de rebondissements, plein d’effets de surprises (même si quelques-uns sont ratés, tout téléphonés), plein d’originalité, il y a même un peu de suspense… Yona parviendra-t-elle sauver le monde des gobelins ? Enfin, non, ça on l’imagine aisément… Mais Yona réussira-t-elle à voler de ses propres ailes ?

    • Yona qui diront que la poésie des images est gnangnan à souhait.

L'image est très agréable à regarder. Elle est d'une netteté incroyable. Le spectateur peut y voir une vraie poésie : du traitement de l’image jusqu’au moindre détail, en passant par le trait de crayon. Le tout me fait penser aux cinématiques de très bons jeux vidéos, genre Kingdom Hearts sur PS2 : ce n’est pas à la pointe de la plus grande technologie actuelle (la 3D de Yona est tout de même bien loin de celle d’Avatar) mais les images relèvent d’un très grand esthétisme. Yona qui diront que les couleurs et les textures sont surchargées à souhait, mais c’est pour mieux représenter l’exotisme des lieux mes enfants. Les contrastes sont travaillés, et les couleurs flashouilles sont harmonieuses tout comme il faut : c’est de la douceur, une beauté apaisante qui en ressort.

La jolie beauté des couleurs.

Les décors de la ville à l’architecture marocaine et aux rues labyrinthiques, le château sombre du méchant, la forêt verdoyante africaine, les lieux remarquables et marquants, offrent un univers foisonnant à souhait. Influencée par un tas de cultures, toujours, l’histoire parle à un public international. C’est un feu d’artifice visuel qu’on souhaite ne jamais voir finir, tout en espérant beaucoup du final. Les personnages et leurs costumes (ou leur pelage) sont très travaillés, d’influences diverses une nouvelle fois : là on est dans l’aztéco-médiéval. Mon chouchou restera le joli costume de pingouin fabriqué par le joli papa de la jolie Yona. Je veux le même. En panda. Pour offrir à mon chiri, qu’il puisse lui aussi réaliser ses rêves.

La jolie flashouille des couleurs.

    • Yona qui montreront du doigt une simplicité trop simpliste des plans. 

Il n’y a pas à chercher midi à quatorze heures : les plans sont ultra linéaires, pas de trucs tourbillonnants ou de mouvements amples pour traduire des émotions. Au moins, on n’a pas le mal de mer.

    • Yona qui parleront des musiques facilement oubliables. 

La musique est très présente. Sans être mémorable, contrairement aux musiques accompagnant les œuvres de Miyazaki ("Ponyo Ponyo lalalalala lalala"), elles sont très jolies, très agréables, toutes poétiques et accompagnant à merveille (même si un peu facilement) chaque moment de l’aventure de Yona aux pays des merveilles.

Et puis même parfois, Rintaro se permet de faire chanter ses personnages. Tantôt mignonnement poétiques ("Pingouin, pingouin lalalalala lalala"), tantôt mignonnement drôles ("Kwek kwek kwek lalalalala lalala"), tantôt prenantes totalement décalées ressemblant presque à des bouts de comédies musicales (hiiii les interventions des démons sur leurs nuages : « Ding ding ding digeling geling, ça va être l’enfer pour vous ! » ), elles ont toutes leur place… au moins sur le moment.  

    • Yona qui évoqueront des dialogues en manque d’intensité.

Parce que les voix françaises de Yona et de Chaley font bigrement mal aux oreilles rien que dans la bande annonce, je suis allée le voir en version originale. Et c’est bien mieux pour mes organes auditifs. Ce qui était gnangnan trop gamin en français devient gamin bien placé en japonais. Evidemment les dialogues n’appartiennent pas au langage soutenu et relèvent d’autres préoccupations que la loi de la gravité.

    • On récapépète.
  • Les Etincelles :
- Magnifique visuellement,
- Magnifique auditivement,
- Magnifique poétiquement,
- 1h25 de film.

  • Les Moins :
- Yona qui disent que.



Yona qui en diront du mal, c’est certain. Mais moi j’en dis du bien.
Yona, c’est un conte de Noël en plein été, une fantaisie poétique pour touts petits et grands enfants. Yona pourra plaire aux 4-8 ans, pourra endormir les 8-18 ans et attirera quelques 18 ans et plus. Yona, c’est vraiment bien pour les grands yeux des enfants. Et pour les yeux d’enfants des grands enfants aussi. Quand elle sera assez grande, ma Nana et moi, on le verra avec nos quatre yeux.

Tu l'as vu ? Tu le verras avec ton petit bout ?

(Article original écrit par moi-même ici)

8 commentaires:

  1. On l'a en DVD ? Tu as préparé ça il y a longtemps ? Pour Ciao ? Attention tu parles beaucoup de 3D, les lecteurs pourraient penser qu'il s'agit de 3D relief.

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    1. On ne l'a pas, mais il faudra l'avoir ! :)

      C'est un article publié sur Ciao (et c'est précisé en fin d'article ^^).

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  2. Je note pour quand MissChoup' sera plus grande... ou pour moi un jour où j'aurai le temps de regarder un film ^^

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  3. J'aime l'animation japonaise (dans le genre le chateau dans le ciel, le voyage de chihiro...) mais pas fan de 3D.
    Par contre tu m'as donné envie de le voir du coup !
    Faut que je me note ça ;)

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    1. Il est bien différent du Château dans le ciel et compagnie, plus enfantin... Et la touche 3D (attention, pas celle avec les lunettes hein !) donne un côté surprenant...!

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  4. ca y est je l'ai...et je crois que je vais me regarder ça en solo un soir... :) Un peu de poésie et un petit retour en enfance ne peuvent que faire du bien !

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    1. Même s'il te parait bizarre au début, je te conseille d'insister un peu... Tu me diras ce que tu en as pensé ! ;)

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