La jungle des souterrains parisiens.

Avec le temps, avec mes passages nombreux par les métro et RER, je suis devenue une aventurière des souterrains parisiens. Mais une aventurière du genre solitaire : quand j'ose m'y engouffrer avec ma poussette, je n'y attends plus grand chose de la part de mon prochain.

Alors ouiiiii, je sais que ma poussette n'est définitivement pas la bienvenue dans les souterrains, il suffit de voir les affiches de la RATP. Je devrais tout de suite arrêter de rêver des étincelles dans les yeux de mon voisin, des petits cœurs sur les joues de cette autre personne croisée, ou des envies d'entre-aide de la part des passagers. Mais qu'est-ce que tu veux... Je suis adepte de la positiiiiive attitude.

Dans le temps, il y a 10 mois, j'étais encore jeune, pure et innocente, je croyais à l'entraide de l'espèce humaine. Je me retournais, le sourire aux lèvres, saluais les gens et leur demandais gentiment et poliment un petit coup de main. Trois catégories de personnes : ceux qui le faisaient de bon cœur, ceux qui le faisaient mais me montraient que ça les faisait royalement cacater, et ceux qui m'ignoraient totalement (ou faisaient genre, drôlement bien) et continuaient leur chemin. Ca aurait pu être drôle de faire un tableau de statistiques de tout ce beau monde. Enfin non, pas si drôle.

Enfin bref, les jours, les semaines, les mois passant, mon sourire a un peu terni et de plus en plus souvent, face à la tête (d'enterrement) (ou d'esquive) des gens, je décidais de porter seule mon tank. Oui, 10 kg de poussette + un Bébé de 8 kg + un sac à langer + mes courses, avec mes petits bras (presque) musclés. Aussi bien pour monter les escaliers que pour les descendre. J'assure avec ma petite astuce de déhanché de bassin et de calage au niveau de la hanche. C'est juste que mon déodorant ne tenait pas le coup (miam).

Ca a un côté positif le renoncement : depuis, je ne vois que les gens sympathiques qui me proposent leur aide d'eux-mêmes. Et, même si à l'aller de mon chez moi au Salon Baby, Samedi dernier, des gens sympathiques je n'en ai rencontrés aucun, au retour j'en ai rencontré deux dès le premier escalier. Surtout qu'il s'agissait d'une paire d'escaliers. On a papoté en descendant les marches, on s'est filé nos astuces de portage de poussette et je les ai remerciés, fort, très fort... Du genre que j'avais le sourire aux lèvres, façon banane.

Et bam : c'était ma soirée. Il n'y a pas d'agent de la RATP dans le coin pour déverrouiller la porte large qui mène aux quais, mais un passager est en train de l'ouvrir. J'en suis à une dizaine de mètres, je lève ma main, l'interpelle, crie un énorme "S'il-vous-plaît !" bien clair, malgré ma voix cassée. Je le vois se retourner. Il me regarde. Je le regarde. Il me regarde. Bref, nous nous regardons. Il sourit et me ferme la porte au nez. Je n'ai pas bouché les oreilles de ma fille, mais un pas beau gros mot pas beau du tout tout moche tout plein est sorti de ma bouche. Mon premier est un solide à base circulaire et terminé en pointe, mon deuxième est une unité de mesure de superficie. (Oui je suis trop forte en charade) Noméo, il l'a bien mérité. Même si ça n'a servi à rien. Juste à calmer mes nerfs.

Et je ne te parlerai pas des dix minutes passées à appuyer sur le bouton de l'interphone pour réussir à joindre un agent de la RATP, qu'on puisse m'ouvrir la porte.

Finalement, avec cette méthode, on ne voit presque que les gens sympathiques...

Les souterrains parisiens, c'est clairement une jungle. Reste à savoir s'il vaut mieux rester poli et souffrir, ou rouler sur les pieds et se faire encore plus détester. En attendant, mince, j'ai quand même dit un gros mot devant mon Bébé. Bouh.

Des astuces à partager pour survivre dans ce monde de brutes ?