Un an pour Elle, un an pour Moi.

Avant même de naître, ma fille s'est montrée belle et rebelle. Rien ne s'est passé comme prévu.

36 heures. 36 heures que ça a fait "Ploc". Et pendant ce temps-là, des milliers de pas, deux escaliers montés et descendus une bonne douzaine de fois, douze minutes de dodo, deux nouveaux-nés entendus, cinq sage-femmes rencontrées, 24 heures attendues avant un premier déclenchement, trois "C’est sûr, avec ce déclenchement, c’est pour aujourd’hui" prononcés, une autre méthode de déclenchement envisagée, une vingtaine de larmes aux yeux, la journée du 24 Novembre presque terminée, une tonne de douleurs à n’en plus finir, un corps qui refuse de se laisser aller, une positive attitude envolée, un gros coup de déprime.

Et une intuition. L’arrière d’un ticket de caisse sert à noter mes contractions : des fois, 30 minutes entre deux contractions, des fois 5 minutes. Et tout à coup, ça se régularise : 1 toutes les 12 minutes, puis 8 minutes... et on passe à 3 minutes. Un branchement sous monito de plus : les contractions s'éloignent, comme à chaque fois, 1 toutes les 20 minutes. J'en chiale. Je ne sais même plus si je pleure parce que j'ai mal ou parce que je veux mon Bébé là tout de suite maintenant... La sage-femme (a pitié et) me propose de vérifier mon col : les choses ont rudement changé... Il s'est enfin ouvert un peu... presque 2 (hum !).

Et une phrase : "On va passer en salle d'accouchement." Je suis joie, me demandant en même temps ce qu'on va faire de moi avec un pauvre col ouvert à même pas 2. Débranchée, les contractions reviennent à 3 minutes.

Et un corps qui n'en fait qu'à sa tête encore et encore. En salle d'accouchement, monito, et contractions toutes les 20 minutes. Des contractions de ouuuuuuuuuuuuuf malade, insupportables, dans les reins. Je serre les dents mais n'en pense pas moins. La sage-femme me branche un peu partout et part faire son tour de garde après quelques explications. Quand elle revient, je la vois hésiter à me le dire et me prépare psychologiquement à l'entendre : je vais "certainement retourner en chambre car rien avance...", encore une fois... Elle doit avoir de la peine et me propose d'attendre encore un peu. A peine elle quitte la salle que je me prends la plus grosse des plus grosses contractions. A croire que ma tête prend le pas : je veux ce Bébé MAINTENANT ! Elles se sont très légèrement rapprochées : on tourne à du 12-15 minutes. La sage-femme me propose de revérifier mon col. Elle sort la tête d'entre mes cuisses avec le sourire aux lèvres : ça y est, mon "col est ouvert à presque 3 !!!" Tout s'enchaine ensuite : les nouveaux branchements, la péri (bonheuuur...) et dodoooooooo (rebonheurrrr !).

Et un Bébé qui se porte toujours bien. Chaque fois que la sage-femme rentre dans la pièce, ça me réveille, toute pressée que je suis d'avoir des nouvelles de mon Bébé. D'ailleurs ma demoiselle est toujours toujours en grande forme malgré les évènements passés et... futurs (et oué, je ne le savais pas encore, mais la misère n'était pas finie...). Chiri dodote profondément, tant mieux, qu'il reprenne des forces, j'ai besoin de lui pour la suite, pour pouvoir écraser les mains de quelqu'un.

Et le grand saut (à la corde). Il se passe quelques heures et... "Je vois le haut de la tête, elle est juste là !! Allez, on va pouvoir commencer la poussée !" On m'encourage, me dit que je fais bien, me félicite... sauf que rien avance, encore une fois. Je suis replacée en position de yoga, histoire de faire descendre bébé, et de reprendre des énormes contractions dans les reins au passage (Péri, où es-tu ?). Une heure après, deuxième tentative : la tête de Bébé est encore plus proche, il y aurait même ses cheveux qui dépassent. Je demande la couleur entre deux poussées. J'essaye de rire, de sourire, mais je ne sais plus trop où j'en suis. La tête bouge un peu, mais sans plus, malgré les "je fais bien", malgré mes presque tombages dans les pommes tellement je n'en peux plus... Un docteur commence à me tourner autour, je vois "Forceps" écrit sur son front. Je le vois piétiner. La sage-femme lui demande un coup de main : réaliser une "expression". Quand il y a contraction, que je gonfle mon ventre, il doit appuyer dessus pour aider Bébé à descendre. Sauf que cet idiot (excuse moi du peu) appuie n'importe quand et m'écrase même les côtes. Je lui pousse le bras quand ce n'est pas le moment et la sage-femme lui réexplique à chaque fois. Au bout de 15 minutes, ils arrêtent la manipulation : ça n'avance pas et l'idiot me fait plus de mal qu'autre chose. La sage-femme lui demande 15 minutes supplémentaires, elle dit être frustrée : avoir la tête de Bébé si proche et ne pas pouvoir l'attraper... L'idiot quitte la pièce pour revenir 15 minutes après, presque le sourire aux lèvres. Ca n'a pas plus avancé en son absence et ça fait maintenant 1 heure que je pousse. Je ne trouve même plus mon souffle. La sage-femme demande une "faveur" à l'idiot : qu'il prenne sa place à la sortie et qu'elle essaye une manipulation. Une, oué. Elle n'en a fait qu'une, ne m'a même pas fait mal, et la tête a commencé à sortir. Bébé est sur moi quelques minutes après. Bonheur.

Une explication. Ma fille est dans mes bras 52 heures après le "Ploc". Pendant tout ce temps, elle a décidé que ce n'était pas mal de changer de position pour se présenter au monde. Et comme si c'était encore trop simple pour Maman : elle a coincé les pieds dans son cordon, qui faisait alors un 8. Et le corps médical ne s'e est rendu compte qu'une fois ma Crapouille sortie.

Souvenirs d'une entrée à la maternité des plus remarquées, avec mes 5 pompiers, le 23 Novembre 2011 vers 12h00.
Souvenirs d'une attente interminable de 52 heures après un "Ploc" retentissant.
Souvenirs d'un accouchement long et douloureux, duquel Maman en est sortie (à peu près) entière et Bébé en pleine forme.
Mais surtout, souvenirs d'une année pleine de belles choses, de vie, de sourires et rires d'un Bébé laissant place à une jolie petite fille.

Un joyeux anniversaire à ma Princesse Lana, née le 25 Novembre 2011 à 12h13.